Création d’un Comité pour le désarmement et la réintégration. La main tendue de Paul Biya

Le décret présidentiel portant création du Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration (CNDDR) date du vendredi 30 novembre dernier. Et tout de suite, plusieurs observateurs de la scène politique camerounaise n’hésitent pas à apprécier la démarche d’apaisement du Chef de l’Etat.
Charles ABEGA
La structure ainsi créée sera basée à Yaoundé avec des centres de relais dans les deux chefs-lieux de régions anglophones c’est-à-dire Buea et Bamenda, puis un à Mora dans l’Extrême-Nord où Boko Haram continue de sévir, même si c’est désormais par de simples fulgurances, et fonctionnera sous la coordination et l’autorité directe du Premier Ministre chef du gouvernement. Selon le document officiel, le CNDDR devrait permettre d’aboutir efficacement à l’accueil et au désarmement des ex-combattants du groupe islamiste ainsi que des milices séparatistes auteurs d’atrocités dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Comme missions primordiales de cette nouvelle structure, la collecte des armes utilisées par ces « anciens combattants » et la conduite d’un processus de réinsertion dans la vie civile, pour chacun d’entre eux. Une tâche bien ardue pour Philémon Yang et tous les personnels consignés pour cette digne besogne.
Cette décision qui est une autre preuve de la volonté pour le Président Paul Biya de passer de la parole aux actes après son discours d’investiture le 6 novembre dernier, est bien un prolongement de l’appel à la recherche de la paix et de l’invitation pour les uns et les autres à déposer les armes, qu’il faisait déjà à cette occasion. C’est donc une main tendue véritable en direction de tous ceux qui volontairement ou inconsciemment, se sont retrouvés enrôlés dans ce tourbillon de violence qui affecte en plusieurs points le Cameroun depuis plusieurs années. Il faut que toutes les actions et la volonté des Camerounais soient vecteurs de paix, pour construire efficacement un Cameroun meilleur pour demain. C’est à une étape pratique intégrale qu’est passé le Chef de l’Etat par cet acte, avec un signal fort en direction de tous les fils du pays. « Il y a de la place pour tous » semble-t-il dire à ceux croient bien faire en se mettant en marge de la dynamique générale imprimée résolument depuis deux décennies, et visant à faire de ce pays une place forte tant dans la sous-région Afrique Centrale où il est le principal pilier, que sur le continent.
Il convient de rappeler qu’initialement, d’autres dispositions avaient déjà été prises par le gouvernement, afin de faciliter le retour des populations déplacées à cause des exactions dans les zones de crise, leur réinstallation et leur reprise d’activités. Selon plusieurs rapports d’organisations non-gouvernementales présentes sur le terrain, la crise anglophone a déjà fait plus de 200.000 réfugiés aussi bien internes que ceux allés vers le Nigeria voisin.