Résolution de la crise anglophone Paul Biya prescrit l’arrêt des poursuites pour 289 détenus

Maintenir la main tendue. Voilà ce qui se dégage de la posture adoptée par le Président de la République depuis son discours d’investiture prononcé le 6 novembre dernier à sa prestation de serment.
Charles ABEGA
En ordonnant ce jeudi 13 décembre 2018 l’arrêt des poursuites contre les 289 détenus interpelés pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les régions anglophones, le Chef de l’Etat maintient à découvert la carte de l’apaisement. Après avoir invité les combattants des différents théâtres crisogènes à déposer les armes, il a créé un comité national chargé de gérer la démobilisation, le désarmement et la réintégration des ex-terroristes de Boko Haram et du courant sécessionniste des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. C’est donc dans cette lancée qu’à travers un communiqué rendu public par Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général à la Présidence de la République, ce même jeudi, Paul Biya décide d’élargir toutes ces personnes préalablement interpelées et dont les affaires étaient jusque-là pendantes au Tribunal militaire, puisqu’il s’agit bien d’actes de terrorisme. Selon le SGPR Ferdinand Ngoh Ngoh, « Intervenant après la création d’un Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration, cette décision du chef de l’État procède de sa volonté de permettre à (…) nos jeunes compatriotes de ces deux régions de renoncer à la violence et de revenir dans le droit chemin ». On n’a donc pas besoin de plus de précisions pour comprendre la sincérité de l’intention qui commande l’attitude présente de Paul Biya.
En effet, plusieurs centaines de personnes arrêtées dans le cadre de la crise anglophone, qui a débuté en 2016 pour se transformer fin 2017 en conflit armé, seraient actuellement détenues dans des prisons camerounaises, en attente de jugement. Parmi ces personnes détenues, une bonne grappe de leaders sécessionnistes, aux commandes des exactions orchestrées dans les deux régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, depuis bientôt deux ans, faisant de nombreux morts, d’innombrables déplacés internes et hors du pays, ainsi de multiples autres dégâts matériels et humains protéiformes. Ces leaders sont donc accusés d’actes de terrorisme et de sécession, des motifs assez lourds que Paul Biya, dans le but de faire taire définitivement les armes en terre camerounaise, envisage d’ignorer, sans toutefois encourager d’éventuels autres concitoyens à recourir à d’identiques pratiques pour exprimer de quelconques besoins ou frustrations.
Ferdinand Ngoh Ngoh précise bien que le Président de la République « a décidé de l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre un certain nombre de personnes arrêtées pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les régions (anglophones) du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », sans énumération aucune, sans précision ni détail sur les orthographes et les identités des bénéficiaires de cette prescription présidentielle. Des détails qui ne sauraient se faire attendre plus longtemps au regard du caractère impératif de l’instruction donnée. Depuis fin 2017, plusieurs centaines de séparatistes auxquels se sont jointes des bandes armées de bandits et de pillards, rackettent les populations et les entreprises dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, prétextant ainsi mettre un terme à une prétendue « marginalisation » de la frange anglophone du Cameroun. Plusieurs membres des Forces de Défense et Sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit ainsi que de très nombreux civils.