La marche de Nintcheu. Chronique d’un échec

Le déploiement dissuasif des services de sécurité et l’efficacité des services d’intelligence, ont eu raison de cette initiative au dessein inavoué.
Olivier BOKALE
Rond-point Dakar à Douala. Il est 6 heures ce dimanche 21 octobre 2018. Le célèbre carrefour censé abriter la marche de protestation organisée par le député Jean Michel Nintcheu est miné. Les lieux ont été investis dès les premières heures de la matinée par les forces de l’ordre qui sont sur leurs dents. Le dispositif déployé par les services de sécurité est des plus dissuasifs. On compte jusqu’à quatre camions « anti-émeute » de la police et de la gendarmerie, deux camions de police, au moins une demi-douzaine de véhicules de police. Plusieurs commissaires de police sont également descendus sur le terrain avec plusieurs dizaines de policiers et de gendarmes. Les uns sont en tenue, tandis que d’autres sont en civil. Et ce n’est pas tout. Un véhicule de type « Pick-up » du Bataillon d’intervention rapide (BIR), sillonne de temps à autre, le secteur pour dissuader les populations.
Arrestations
Tout attroupement est dispersé. Aux environs de 11h, un homme arborant un T-Shirt noir sur lequel est écrit « 2018. Tout sauf Biya », discute avec deux commissaires de police. Quelques minutes plus tard, il est embarqué. Une série d’interpellations s’en suivra au niveau des deux entrées dudit rond-point. Munis des gilets pare-balles, équipement de protection et armés, gendarmes et policiers vont assaillir le quartier par ses entrées et en ressortir avec des hommes qu’ils vont parquer à l’arrière leurs camions. Ils effectueront ainsi plusieurs tours pour conduire dans leurs unités, de nouveaux suspects. On peut noter que ces interpellations sont intervenues après l’arrivée du préfet du département du Wouri sur les lieux, vers 11h 45. « Nous avons arrêté tout ce groupe, au carrefour Dakar. Nous avons arrêté une cinquantaine », informe une source policière.
Renseignement
Mais c’est depuis fort longtemps que les forces de maintien de l’ordre scrutent les faits et gestes de Jean Michel Nintcheu. La veille stratégique s’est accrue le samedi 20 octobre au soir. « Dès 19h, à bord d’un Hummer gris, Nintcheu s’est rendu chez Josua Osih à Bonanjo à l’idée de le convaincre pour les évènements du dimanche 21 octobre. Partout où il s’est arrêté, jusqu’à tard dans la nuit, pour prendre un verre, nous y étions aussi ». C’est dans ces entrefaites que l’on a su que le code vestimentaire allait être le maillot des Lions indomptables, l’équipe nationale de football. Dimanche donc, la plupart des personnes interceptées avaient le maillot des Lions indomptables. Jusqu’à 15h hier dimanche 21, le lieutenant-colonel Mvoundi, Commandant du groupement pour la gendarmerie avait encore derrière son pickup un homme de 38 ans en moyenne. « Ces gens devront passer par les airs pour mener leurs actions, la ville est bien sécurisée », assure l’entourage du Lieutenant-colonel de gendarmerie.